Préface des Éditions de Londres

« L’affaire Fualdès » est un roman policier d’Arthur Bernède publié en 1931 et tiré d’un des faits-divers criminels les plus célèbres de l’histoire de France.

L’affaire Fualdès

Dans la nuit du 19 au 20 Mars 1817, l’ancien procureur impérial Fualdès est égorgé dans une rue sordide de Rodez et son corps est jeté dans l’Aveyron. La rumeur dit qu’on jouait de la vielle et de l’orgue de barbarie pour couvrir ses cris…

Très vite, les soupçons se portent sur la maison Bancal, sise 65, rue des Hebdomadiers, non loin de la demeure de Fualdès. C’est un tripot louche où officient des gens au passé sombre ou crapuleux. Il y a l’agent de change Jausion, époux de Victoire Bastide, Bernard-Charles Bastide, dit Gramont, beau-frère de Fualdès, ainsi que des malfrats, le contrebandier Boch, Collard, un locataire des Bancal, la veuve Bancal, sa fille Marianne, Jean Bousquier, la blanchisseuse Anne Benoit, son amant etc.

Si on ajoute que la victime était bonapartiste, les suspects royalistes, et que l’on est en pleine Restauration, que les suspects et la victime ont des liens de parenté, que l’on évoque des problèmes d’argent, des prêts, et de sombres histoires d’infanticide, on obtient « l’affaire du siècle ».

L’erreur judiciaire

À ce jour, « L’affaire Fualdès » reste dans les mémoires comme l’une des plus célèbres affaires et erreurs judiciaires de l’histoire de France. Le premier procès a lieu entre août et septembre 1817, avec onze accusés à la barre, et 243 témoins ! Mais le premier procès, qui se solde par 4 condamnations à mort et deux à perpétuité, est annulé pour vice de forme. Le nouveau procès se tient à Albi entre mars et mai 1818. Le deuxième procès sera dominé par la personnalité d’un témoin imprévisible, Clarisse Manson, fille du juge Enjolrand, divorcée, amante du lieutenant Clémendot. Elle témoigne, se rétracte, témoigne, se rétracte à de nombreuses reprises. Bilan : trois peines de morts. Bastide, Jausion et Colar sont exécutés à l’issue du jugement. Il y aura un troisième procès à Albi entre décembre 1818 et janvier 1819. Les trois accusés sont relaxés.

Les hypothèses

Que s’est-il donc passé ? Qui a assassiné Fualdès ? A-t-on exécuté des innocents ?

Les hypothèses les plus célèbres sont les suivantes :

L’hypothèse politique : Fualdès était un ancien révolutionnaire ; on est en plein délire royaliste, deux ans après le retour de Louis XVIII, et Fualdès aurait su quelque chose sur l’évasion de Louis XVII, ce qui aurait remis en cause la légitimité de Louis XVIII (dans le cas où Louis XVII soit encore vivant)

L’hypothèse politico-conspirationniste : Fualdès, ancien révolutionnaire, avait contribué à l’échec du complot de Rodez en 1814. Une société secrète aux affinités royalistes, les Chevaliers de la foi, aurait commandité son assassinat pour se venger de l’ancien révolutionnaire

L’hypothèse de la franc-maçonnerie : Fualdès était un membre de la loge de Rodez. En accédant au grade de Rose-croix, il avait prononcé le serment suivant : “Si jamais je deviens parjure, je consens à ce que l’on me coupe la gorge, que l’on m’ouvre les veines et que mon sang coule, de toutes parts, et que mes restes soient jetés dans un précipice.”

L’hypothèse criminelle : Fualdès aurait eu une vie moins honorable qu’il n’y semble ; il serait sorti la nuit avec un volumineux paquet qui contenait (?), et il aurait été attiré dans un guêt-apens par des criminels qui l’auraient assassiné pour le voler.

Le contexte politique exacerbé de l’époque explique que l’on ait refusé d’examiner suffisamment l’hypothèse la plus plausible, celle d’un meurtre crapuleux, fruit d’un malheureux hasard.

L’influence de l’affaire Fualdès sur la littérature française

L’affaire Fualdès apparaît ou est mentionnée à de nombreuses reprises dans la littérature du Dix-Neuvième siècle, notamment dans Les misérables de Victor Hugo, dans Une ténébreuse affaire d’Honoré de Balzac, et même dans Bouvard et Pécuchet.

L’affaire Fualdès est aussi la première affaire criminelle à résonance “nationale”, car elle intervient à une époque marquée par un formidable essor de la presse, et de la presse nationale.

Le roman d’Arthur Bernède

Le roman se veut une retranscription fidèle des évènements de 1817-1819 ; pour l’écrire, Bernède s’inspire beaucoup du « Répertoire des causes célèbres » et de « L’assassinat de M. Fualdès », d’Armand Praviel.

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